Le récit et les images du record au K2 sans oxygène de Benjamin Védrines 



Le Français n’a mis que 11h pour gravir les 8 611 mètres du K2 à la frontière pakistanaise. Il raconte cette aventure, réalisée sans oxygène.

En partant du camp de base avancé à 5350 mètres d’altitude, Benjamin Védrines avait donc 3 260 mètres de dénivelé positif à enchaîner le plus rapidement possible et sans oxygène avant d’atteindre le sommet du K2. Et c’est en moins de 11 (10h 59mn 59s pour être précis) qu’il a réussi cette ascension historique ce 28 juillet, 70 ans après que l’homme ait réussi à conquérir ce sommet de 8 611 mètres. Lui qui avait échoué sur cette même tentative il y a deux ans au K2 au point d’être passé proche de la mort, a cette fois parfaitement géré son ascension. Après un mois d’attente sur place à espérer une fenêtre météo clémente, il s’est donc élancé à minuit dix ce 28 juillet. Il a raconté la suite de son périple sur ses réseaux sociaux :

© Thibaut Marot

« Quelle journée. Quelle montagne. Quelles émotions. À 11h10 ce 28 juillet je me suis dressé en haut du 2ème plus haut sommet du monde à 8611m. Même en écrivant j’ai encore du mal à y croire. Lorsque j’étais là-haut, j’avais aussi du mal à réaliser où je me trouvais et comment j’étais arrivé là. Parti à 00h10 du camp de base avancé, lieu de référence du précédent record de Benoit Chamoux en 23h (1986), j’ai réussi à gérer au mieux cette ascension particulièrement exigeante et engagée, mais aussi symbolique. Il y a deux ans, jour pour jour, je faisais un black-out à 8300m et je dois dire que lorsque je suis arrivé à l’endroit en question, ça m’a fait quelque chose… Depuis cet incident, je voulais y retourner, un jour. Je suis très fier d’avoir su faire face à mes peurs, et d’avoir entamé cette aventure sous le prisme de la maturité. Le 28 juillet 2022, je n’étais pas prêt. C’est aussi ça la montagne. Grandir. Je me souviendrai longtemps de ce 28 juillet, ça restera certainement l’un des plus grands projets de ma vie. Ce jour où toutes les planètes se sont alignées. »

© Thibaut Marot

« Je me suis senti très bien à plus de 8000m et c’est dans ces sensations positives que je puise le plus le sentiment de réussite. Cependant ça n’a pas été facile, j’ai dû me battre notamment sur les 150 derniers mètres. J’aurais du mal à décrire les sensations ressenties là-haut, je n’ai pas vraiment explosé de joie là-haut… J’ai ressenti un peu de tristesse. En même temps je suis allé tellement loin dans l’effort et l’engagement dans ce projet en général que quand je suis arrivé là-haut, tout est retombé. J’ai versé des larmes, ce qui ne m’arrive jamais en montagne… Le K2 m’a charmé dès le début. Quand on est là-haut c’est juste incroyable : il y a un réel sentiment d’apesanteur et de lâcher prise à cause de l’altitude. »

© Benjamin Védrines 

« Je garde en mémoire cette arrivée au camp 3 avec ces lumières dignes d’un autre monde. Je me suis dit « voilà c’est ton jour, fait toi plaisir ». J’ai su aussi profiter de tous ces instants de contemplation et c’est bien pour ça que cette ascension allait bien au de-là du record : le soleil qui réchauffe les paupières, les amis que l’on croise, les couleurs. Je me sens très privilégié. »

© Thibaut Marot

« Malgré la volonté de faire le temps le plus rapide possible, je n’ai pas réussi à faire ce que j ‘espérais mais je reste tout de même satisfait, notamment de la maitrise que j’ai mise en place durant toute l’ascension pour éviter d’avoir des problèmes liés à l’altitude. Le maitre mot de l’altitude c’est l’adaptation et la sagesse. J’ai appris beaucoup pendant cette expédition. Le K2 a imposé son tempo tout du long et m’a obligé à être dans l’incertitude jusqu’au dernier moment. Il a fallu attendre 40 jours au pied de ce géant avant de tenter. C’est aussi pour cela que cette réalisation a un goût d’aboutissement. Une aventure se termine mais en laisse imaginer de nouvelles. C’était magnifique. Merci le Karakoram, merci le Pakistan, et surtout, merci à tous ceux qui m’ont apporté leur soutien dans ce grand rêve fou et tout particulièrement à The North Face pour avoir soutenu et cru à ce projet dont je rêvais tant. »

© Thibaut Marot
© Benjamin Védrines 
© Thibaut Marot
© Seb Montaz
© Thibaut Marot
© Thibaut Marot
© Thibaut Marot
© Thibaut Marot
© Thibaut Marot
© Thibaut Marot
© Benjamin Védrines 
© Benjamin Védrines 
© Thibaut Marot
© Thibaut Marot

Regardez le dernier épisode de la série qui retrace la préparation de Benjamin Védrines pour le K2 :

Regardez en replay ci-dessous le dernier épisode d’Actu Ride (émission produite par Puzzle Media).