Xtreme de Verbier : Retour au sommet du Bec des Rosses, six ans après



Si les Français n’ont pas particulièrement brillé sur l’Xtreme de Verbier, la finale du Freeride World Tour a offert un spectacle à la hauteur de cette étape mythique, profitant notamment de bonnes conditions pour permettre aux hommes de s’élancer depuis le sommet du Bec des Rosses, alors que le départ des femmes a été donné depuis le Petit Bec.

Lors d’une journée où le soleil aura parfois joué au chat et à la souris avec les organisateurs, le Freeride World Tour aura finalement vécu une superbe finale, disputée pour la première fois depuis 2018 depuis le sommet du Bec des Rosses. La météo étant annoncée nettement moins clémente à partir de samedi, les meilleurs snowboardeurs et skieurs de la planète ont finalement été appelés à rejoindre la mythique face suisse dès 10h ce vendredi matin. Il y avait donc du beau monde au moment où l’on retrouvait le Col des Gentianes, spot parfait pour admirer la compétition. Déjà présents depuis un moment pour observer la face avec leur coach, les athlètes étaient massés dans une zone leur étant réservée.

© Freeride World Tour / Jeremy Bernard 

Le balai des hélicoptères (pour la sécurité, l’organisation et la retransmission TV) continuait pendant un bon moment au-dessus des têtes des spectateurs déjà massés en nombre devant la face. Pour les femmes, le départ était donné finalement depuis le Petit Bec, que ce soit pour les skieuses ou les snowboardeuses. Mais l’anxiété était la même pour la plupart des riders présents. Car rares étaient ceux qui s’étaient déjà aventurés sur cette face mythique, en particulier depuis son sommet. Côté météo, il fallait attendre un peu avant de voir les nuages se dissiper dans le ciel du canton du Valais. Parfait pour permettre aux spectateurs de venir rejoindre les différentes zones prévues par les organisateurs pour admirer le spectacle.

© Freeride World Tour / Jeremy Bernard 

Comme le veut le déroulement de chaque compétition du Freeride World Tour, des ouvreurs s’engagent en premiers dans les faces. Objectif : donner un maximum d’informations sur la qualité de la neige et les conditions de ride aux organisateurs et aux riders. À Verbier, le Français Edgard Cheylus faisait partie des ouvreurs de cette finale. Malgré sa chute (sans conséquence), le skieur a ensuite donné à la radio ses premières indications. Tous les riders engagés sur cette finale ont pu l’entendre et lui poser des questions.

© Freeride World Tour / Dominique Daher

Finalement, les snowboardeuses lançaient cette édition 2024 en partant du Petit Bec. Située plus bas, cette face n’en reste pas moins impressionnante. Et c’est finalement la Canadienne Erin Sauve (son run en vidéo ci-dessous) qui s’imposait sur cet Xtreme de Verbier devant l’Espagnole Núria Castán Barón et la rookie française Anna Martinez (également troisième au général). La victoire d’Erin lui permettant également de remporter le titre de championne du monde.

Côté ski, alors que deux Françaises pouvaient espérer décrocher la couronne, c’est finalement la Norvégienne Hedvig Wessel qui a raflé la mise. Manon Loschi était pourtant proche d’écrire l’histoire en tentant le premier double backflip de l’histoire pour une skieuse sur le Freeride World Tour (une figure également très rare chez les hommes). Cette tentative suscitait une clameur du public, suivie d’une grosse déception car la Française ne parvenait pas à terminer sa deuxième rotation et atterrissait la tête dans la neige. Mais elle se relevait rapidement, sous les encouragements des spectateurs. Troisième du général avant cette étape, la skieuse tricolore de 22 ans sera assurément l’une des favorites l’année prochaine pour la couronne mondiale.

© Freeride World Tour / Jeremy Bernard 

Du côté d’Astrid Cheylus, le run était plus propre mais insuffisant pour lui permettre d’aller chercher la première place. Première du général avant cette finale à Vebier, la Française est devancée sur cette étape par Hedvig Wessel et la Polonaise Zuzanna Witych. Une troisième place qui la fait reculer à la deuxième position du général et permet à la Norvégienne Wessel de remporter le titre mondial. Mais l’année reste superbe pour Astrid qui vivait sa première saison sur le Freeride World Tour et qui s’est notamment imposée sur deux étapes (Kicking Horse et Fieberbrunn).

Profitant des bonnes conditions, les organisateurs enchainaient en lançant les hommes sur le Bec des Rosses. Impressionnante vue depuis la zone spectateurs, la face est un monstre de 600 mètres de dénivelé qui cache une bonne partie du paysage quand on se trouve à ses pieds. Parsemée de barres rocheuses, elle a fait cogiter nombre de riders sur la ligne à choisir. En snowboard, Victor de Le Rue avait l’opportunité de réaliser le premier grand chelem de l’histoire du Freeride World Tour. Victorieux des quatre étapes précédent cette finale, le Français n’a pas été aussi souverain que sur le reste de la saison, terminant au pied du podium. Pas d’énorme erreur pour le champion du monde (déjà sacré avant cet Xtreme de Verbier) mais devant lui, le niveau est monté d’un cran sur cette finale.

© Freeride World Tour / Dominique Daher

L’Américain Jonathan Penfield a notamment été impressionnant en débutant son run avec un 360, enchaînant ensuite sur plusieurs sauts de falaises dans le Couloir du Dogleg. Deuxième, le Suisse Liam Rivera a eu droit à une belle ovation de son public après son 360 frontside suivi d’un backflip alors qu’un autre Américain Michael Mawn a tenté une belle ligne fluide sur la falaise d’Hollywood, réputée comme étant l’un des endroits les plus chauds du Bec des Rosses.

Enfin, il aura fallu attendre un moment pour voir la catégorie reine, celle des skieurs. La faute à des nuages venus jouer les trouble-fêtes sur la compétition, créant une lumière blanche qui ne facilite jamais la tâche des riders. Mais l’épreuve étant déjà bien avancée, les organisateurs avaient la liberté d’attendre un peu pour offrir aux 10 skieurs masculins les meilleures conditions possibles. Autant dire qu’il a fallu être solide dans la tête pour le Français Oscar Mandin, premier à partir en haut : « Ça a été une heure assez compliquée à gérer, car je savais que je pouvais partir à tous moment si les organisateurs décidaient de relancer la compétition » nous confirme-t-il après son run. « Mais j’ai su garder ma concentration et répondre présent avec cette ligne sur la droite de la face (en regardant le Bec des Rosses depuis le bas). » Car contrairement à la plupart des autres concurrents, le Français a osé partir sur cette zone, probablement la plus technique et dénivelée. Un choix payant agrémenté d’un point rageur une fois revenu dans la raquette d’arrivée et d’une note de 90 sur 100 donnée par les juges. Un score qui lui aura longtemps fait espérer une place sur le podium, mais les deux derniers riders passés lors de cette finale l’auront finalement délogé de la boite.

© Freeride World Tour / Dominique Daher

C’est le Canadien Marcus Goguen qui s’impose sur cet Xtreme de Verbier 2024. Son double saut de barre rocheuse (à un endroit où on imaginait difficilement un rider passer) restera dans l’histoire de la compétition, créant une énorme clameur en contrebas parmi les milliers de spectateurs massés devant la face. Une victoire pleinement méritée pour celui qui bénéficiait également sur place d’un petit fan club ultra motivé et que l’on a bien entendu lors de la cérémonie des podiums.

De son côté, Max Hitzig a croisé les doigts à l’arrivée en attendant sa note, lui qui était le dernier rider à passer en sa qualité de leader du classement général. Une place sur le podium lui offrait le titre mondial. À l’inverse, faire moins bien que troisième offrait mathématiquement le titre à son adversaire canadien Marcus Goguen. Finalement deuxième, l’Allemand pouvait exulter. « Je n’arrive pas à y croire » expliquait-il à l’arrivée. « J’étais tellement nerveux avant mon run. J’ai énormément travaillé pour en arriver là. Le niveau devient tellement élevé, donc je sais que c’est de plus en plus difficile de remporter le titre chaque année, ce qui me rend heureux de l’avoir décroché cette année. J’avais peur de skier le Bec des Rosses depuis le sommet, mais quand vous êtes en mode compétition, vous vous lancez à fond ! ». Le Freeride World Tour attend désormais de connaître les riders qui se qualifieront pour l’année prochain via les derniers événements du FWT Challenger. Une saison 2025 que l’on espère marquée par le retour d’une étape française, la station de Val Thorens ayant posée sa candidature…

© Freeride World Tour / Dominique Daher