Julián Molina ou la chronique de la persévérance



Un jour normal, comme les autres, Luis Elías me demande si je connais Julian David Molina. Ma réponse fut non. Il m’envoie alors un lien vers une de ses vidéos et je remarque qu’il n’a qu’une jambe et rentre un no-hander sur une bosse de dirt. Surpris par la personne qui touche le cœur de beaucoup de gens sur les réseaux sociaux, je décide de me rendre à Antioquia (en Colombie) pour le rencontrer.

ART magazineDeux semaines plus tard m’y voilà. La première chose que je vois est une rue de 60m de long inclinée à 30°. Un peu essoufflé par la marche en montée, Julian m’attend avec un grand sourire, en m’approchant il dit « cette ville est un trou dans la montagne ».  La municipalité de Andes Antioquia est considérée comme un point important du commerce local. C’est une zone montagneuse pleine de rues anormalement pentues.

Alors que nous marchions vers sa maison en haut de la colline, je remarquais quelque chose de spécial dans ce garçon. Supporté par une béquille au bout d’un bras, l’autre pousse le vélo sans problème. Nous montons les marches devant sa maison, il lève son vélo comme n’importe quel rider et salue sa sœur.

Julian est né ici, il y a 14 ans, le 24 Novembre 1995. Il vit avec sa famille dont il est le plus jeune enfant. Il a deux sœurs et est actuellement en 3ème. Il a le rêve d’être un des meilleurs en BMX, mais il veut aussi être un ingénieur civil et diriger son propre business. Pour lui tout est difficile mais pas impossible. Pendant qu’il répond à mes questions, il sourit en regardant une pub à la télé.

ART magazineRubén, son père, qui répare une chaussure, demande avec surprise et admiration, « comment voyez-vous mon fils? Es-ce vrai qu’il est bon? Il fait son chemin à travers la vie à sa manière. Je ne sais pas, mais c’est dur. » C’est un père noble qui aide son fils tant qu’il le peut, et cela se voit à son sourire.

Mes archives photographique commencent par son bike, c’est plus facile d’apprendre à connaitre un rider à partir des chose qui lui sont chères. J’ai pris connaissance de sa technique au travers de ses vidéos. Cependant, il explique qu’il utilise seulement une pédale et un pédalier court. « Pour les virages et ne pas toucher le sol vu que ma jambe est toujours en bas ». Son vélo actuel est un cadeau de son ami Pollo Restrepo. Il explique que dans le village c’est difficile de réparer ou changer quelque chose sur le vélo parce que cela coute entre $2 et $3 pour la moindre chose. Le revenu moyen d’une personne par jour est $8 c’est donc assez cher d’avoir un vélo en bon état de marche. Bien sur, il ne travaille pas à son âge et ses parents travaillent dur, mais ils arrivent tout juste à acheter le basique pour leur maison. Ils sont une famille pauvre qui ne peut pas supporter Julian avec le coût de son sport.

ART magazineCe fut difficile pour moi d’aborder sa condition, mais aujourd’hui c’est normal pour lui. Il a ce handicap depuis 7 ans. Son accident fut un traumatisme pour toute la famille. Il s’amusait avec des patins à roulettes, la ville où il vit à plusieurs rues à forte pente. Il s’amusait à les descendre parce qu’il est accros a la vitesse depuis son enfance. A une intersection, il fut percuté par un bus. La famille de Julian eu l’espoir que ce fut seulement une fracture simple avec guérison rapide. Après négligence et attente à l’hôpital où il était soigné, il fut transporté à Medellin, la capitale d’Antioquia. Malheureusement les docteurs décidèrent là bas de l’amputer, la gangrène ayant pris place dans sa jambe.

Julian fut immergé dans une dépression constante, car le football était sa passion. Il ne trouvait rien à faire et se pris pour habitude de passer ses journées enfermé à la maison. Pendant qu’il me raconte cette histoire, il baisse sa tête et ses yeux brillent plus qu’à l’accoutumée. Il y avait des larmes de rage, d’appel au secours dans son visage. Il releva ensuite la tête et nous avons continué à parler de son neveu qui courrait et jouait autour de la maison.

« Tu dois aller de l’avant, et tu dois te concentrer sur quelque chose. Cela doit être fait en dépit des obstacles », continua le jeune rider. Julian dit qu’il a commencé le BMX suite à un salon dans lequel il y avait un show de BMX par des riders des alentours. Depuis ce moment là, Julian fut décidé à acquérir son propre vélo pour apprendre à s’envoler. Il commença à économiser et acheta son premier bike d’occasion 16 pouces avec 20$.

Après un peu de temps à apprendre des tricks basiques et casser des pièces sur son vélo, il réalisa que le Dirt est ce qu’il aime le plus. Il commença à rider de petits jumps et ses amis le poussèrent de temps en temps à prendre de la vitesse. Il roule aussi de temps en temps au bac à mousse de son ami Pollo Restrepo, où il a pris confiance avec de nouveaux tricks. Il ne porte pas la prothèse quand il ride, car c’est lourd, provoque des ampoules et c’est douloureux de l’utiliser. Pour cette raison, il s’est habitué à ne pas l’utiliser et utilise une béquille fabriquée par un artisan du village. Il aimerait beaucoup acheter une prothèse plus légère, qui lui permette de marcher et rider normalement.

ART magazineDepuis le début, ses idoles sont Daniel Dhers,  Travis Pastrana, et son ami Andres Valencia, qui l’aide avec tout ce qu’il peut. Julian ride tous les après midi; certain des tricks qu’il a appris: no hander, wheelgrab, x-up, et plusieurs autres tricks.  Maintenant il travaille sur les 180 et 360. Le désir qui l’anime d’apprendre de nouveau tricks ne cesse de m’impressionner. Lors de ce samedi après midi, nous avons été à l’endroit où il passe du temps avec ses amis, BMX riders et skateboarders. Nous avons visité le plus haut point du village, une structure en forme de croix qui fait 15 mètres de haut. Il escalada avec facilité, mais j’étais moi effrayé essayant de monter avec mon gros sac. Nous avons pu prendre cette photo où il rigole, comme il le fait d’habitude quand il ride ou rentre parfaitement un trick. Cela doit être la soif d’adrénaline qui le tient éveiller et prêt pour le prochain challenge.

Julian est considéré comme une célébrité dans son village natal tout comme sur les réseaux sociaux car les gens admirent son courage et sa persévérance envers le riding, bien qu’il n’ait pas d’endroit proche pour cela. A cause de cela, sa curiosité l’a poussé à apprendre des tricks dans la rue. Je ne peux trouver d’adjectif qui décrive sa personnalité mieux que « passionné » par ce qu’il fait. Sa force, sans aucun doute, lui est apportée par sa famille et leur soutien inconditionnel. Simple, sans prétentions et sans préjudice pour sa condition particulière, il veut poursuivre plein de ses rêves qu’il ne voit pas comme distant ou impossible.

Ce fut un plaisir de rencontrer un rider aussi enthousiaste. Rider tout ce qu’il peut est quelque chose qui lui donne du plaisir, qui le rend unique au milieu de tous. Il ne se sent pas inférieur aux autres et au contraire il dévelloppe un style différent. J’espère que vous avez pu voir et ressentir le talent ainsi que le potentiel que Julian a, pas seulement pour le BMX, mais pour faire face à la vie, et en tirer le meilleur en général !

By Juan Páez, thanks to Luis Elías Benavides & ART BMX magazine


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