The Rider Post | 26 novembre 2015 Gros plan sur Anthony Avella, double champion du monde de roller ROLLER Urban A 31 ans, Anthony Avella a un palmarès long comme le bras en roller ! Passé pro à 16 ans, ce Varois a depuis enquillé 10 titres de champion de France (street/rampe), deux sacres européens et trois succès au FISE Montpellier (en mini-rampe). Mais ce n'est pas tout ! Anthony Avella est également double champion du monde en titre de skate cross (course d'obstacle en roller), et champion du monde de roller-soccer… Cerises sur le gâteau et pas des moindres, le Toulonnais a également participé aux mythiques X Games et à deux étapes du Red Bull Crashed Ice ! Bref, vous l'aurez compris, Anthony Avella est une référence dans le monde du roller, et a tendance à transformer en or tout ce qu'il touche. The Rider Post a donc interviewé ce passionné de ride qui disputera dés demain, en Chine, la finale du World Skate Cross Series 2015 ! Anthony, tu as un parcours ultra-riche puisque tu as participé plusieurs fois au FISE Montpellier et aux X Games. Ca fait quoi d’aller aux X ? Participer aux X-games était pour moi un rêve de gosse, je souhaitais arriver à ce niveau et pouvoir découvrir les États-Unis… A 18 ans, j’ai atteint cet objectif en prenant part pour la première fois au X Games de Philadelphie, en 2002, sans parvenir à rentrer dans la finale de rampe. L’année suivante, en 2003, je découvrais le fameux Staples Center de Los Angeles et parvenais à me hisser jusqu'en finale, terminant à la 6e place. Anthony Avella aux X Games (Photo RSCT) Concrétiser un rêve, tel que cette participation aux X Games, est quelque chose de formidable et déroutant à la fois. Formidable par ce que l'on vit un rêve éveillé et déroutant car une fois réalisé, le rêve ne vous appartient plus et vous devez passer à autre chose… Quand je me replonge dans tous ces souvenirs, je remercie la vie d’avoir vécu des moments si forts et si merveilleux à un si jeune âge. Je remercie aussi la chance, car en 2003 ce fut la dernière fois que le roller a été présenté en compétition. Je fais donc partie de ces rares Français à avoir participé aux fameux X Games ! Tu as également pris part à 2 Red Bull Crashed Ice, et tu as estimé que c'était "l'un des trucs les plus fous" que tu ai fait dans ta vie… Ouhlà, le Crashed Ice fut une expérience dingue oui ! Je me sentais attiré par cette pratique (le patinage de descente extrême), moi qui faisais du skate cross. Grâce à Jim de Paoli, un rider polyvalent skatecross/Crashed Ice, j’ai été sélectionné sur le circuit. Je me suis lancé dans l’aventure sans aucune expérience de la glace… J’ai pratiqué une dizaine d’heures le patins à glace en patinoire, avant de m’envoler pour la Finlande. Arrivé là-bas, honnêtement je me suis senti dans la peau des mecs de “Rasta Rockett”(film inspiré de la participation d'une équipe Jamaïcaine de bobsleigh aux Jeux Olympiques de Calgary 1988). Moi, le mec du Sud qui n'a connu la neige que 2 fois dans sa ville et qui, comme tous les Sudistes, commence à se plaindre quand le thermomètre arrive en dessous de 20 degrés… Ce premier Crashed Ice fut un grand moment de solitude et de combat contre moi-même, dans une température avoisinant les moins 20 degrés ! Anthony Avella au Crashed Ice Moscou 2014, avec Tristan Dugerdil et Pacôme Schmitt (Photo Red Bull Content Pool) Je ne maîtrise pas aussi bien les patins que les rollers, le rapport à la glace est bien différent du béton et avec le peu de temps de pratique qu’impose le Crashed Ice (trois tours de chauffe uniquement, avant les qualifications), j’ai vraiment eu du mal à m’adapter…. J’ai pratiqué le “ventriglisse” sur tous mes passages d’échauffement et au final, j’ai réussi à descendre la piste sans tomber lors des runs de qualification. En franchissant la ligne d’arrivée, la platine de mes patins s’est brisée en deux, l’aventure s’est arrêtée là… J’ai gardé une certaine amertume de cette première experience, achevée à l’avant-dernière place. J’ai donc décidé de changer de matériel et de retenter l'aventure, lors des Crashed Ice Moscou ! L’étape russe s’est un peu mieux déroulée, je sentais une certaine amélioration au fur et à mesure des descentes. Hélas, lors de la première phase qualificative, j’ai chuté et me suis fait une entorse au genou, je n'ai pas pu terminer la course… Je reste donc sur deux expériences de Crashed Ice qui n’ont pas été concluantes, faute de vrai entraînement sur glace. Mais je n’ai pas dit mon dernier mot ! J’aimerais qu’il y ait un rapprochement des disciplines du Crashed Ice et du skate cross. Pourquoi ne pas avoir du crashed ice en été sur roller, avec les mêmes pistes que celle en glace ? Surtout quand on sait que ces pistes sont construites en bois, avant d'être recouvertes par de la glace… Red Bull, qu’attendez-vous ? Anthony Avella au Skate cross Moscou 2014 (Photo Ilya Krestelev) En 2013, tu t'es lancé dans le skate cross. Pourrais-tu expliquer à nos internautes ce dont il s'agit, et ce qui te plaît le plus là-dedans ? Le skatecross, c’est de la course sur skatepark ou autre parcours en ville, ou sur piste de bi-cross. Quatre riders sont au départ de chaque poule, les deux premiers sont qualifiés pour les courses suivantes jusqu'à la victoire. Généralement les courses sont assez rapides, avec des temps variant de 25 à 35 secondes. Ce qui me plaît le plus, c’est l’engagement et la vitesse ! Pour l’instant je prends mon pied avec ça, donc je continue… Qu'est ce qui te permet de dominer autant la discipline, puisque tu es double champion du monde en titre ? Ce qui m'a permis de dominer la discipline pendant deux ans, c’est vraiment l’envie. J’avais envie de gagner le titre mondial lors de ma première année, et j’ai gagné ! Et l’an dernier, j’avais envie de conserver ce titre, donc je l’ai conservé… Y’a pas à chercher plus loin ! Comme je l'ai dit, le mental est la persévérance sont les clefs du succès, lorsque que vous savez que vos concurrents sont tous aussi forts que vous. Du 28 au 30 novembre, tu disputeras en Chine la finale du World Skate Cross Series 2015, dont tu occupes la deuxième position au ranking. Comment abordes-tu cette dernière course ? Honnêtement, je n’ai absolument aucune pression, je sais que je n’obtiendrai pas le titre cette année. Je ne réaliserai pas le triplé, qui était mon objectif en début de saison. Ma contre-performance lors de l’étape de Lausanne m'a fortement handicapé, d’autant que l’épreuve qui devait ensuite avoir lieu à Moscou a été annulée… À partir de là, c’était vite vu ! Même si je gagne à Shanghaï, je n’aurai pas assez de points pour passer devant mon co-équipier de l‘Equipe de France Yohan Fort. Et comme son nom l'indique, il est vraiment fort (rire). Yohan a été sacré 5 fois Champion du monde de slalom de vitesse, je n‘ai pas à rougir de tomber face à des athlètes comme lui… Mais je vais tout donner afin de revenir de Chine avec le meilleur des résultats ! On ne parle pas souvent de football ici, mais tu as la particularité d'être aussi champion du monde de roller-soccer… Comment arrives-tu à gérer toutes ces passions ? Le Championnat du monde de roller-soccer, c’était un challenge que je me suis lancé en 2006, lors de la création de mon club, le RSCT (le Roller Sports Club Toulonnais, le roller-soccer étant un mix entre futsal et hockey sur glace). Ce n’est qu’en 2015 que nous sommes enfin parvenus au titre mondial (vice-champions du monde en 2013), de la plus belle des manières puisque nous étions aussi organisateurs de la compétition. Ce sacre de champion du monde est le résultat de toute une équipe, et non pas d’un seul homme. C’est ce dont je suis le plus fier, j’ai impulsé un objectif ambitieux porté par toute une équipe, ce fut un travail de longue haleine. Néanmoins, cela fut très difficile de bien me concentrer sur les étapes de skate cross 2015 ! Deux jours avant le lancement de notre Coupe du monde de roller-soccer, j’étais engagé sur une importante étape de skate cross à Lausanne. Je l’avoue, je n’étais vraiment pas dedans, je me disais qu'il fallait que je me réserve pour la Coupe du monde, pour mon équipe, que je ne devais surtout pas me faire mal… Habituellement, je me dis plutôt : “tu gagne et puis c’est tout !” Mais là, le mental ne suivait pas, et les résultats ne pouvaient donc pas être bons. J’ai d’ailleurs déclaré forfait pour la petite finale à Lausanne (il se classera neuvième de l'épreuve), je voulais économiser des forces pour le combat qui m’attendait deux jours après, en roller-soccer… Pour résumer, c’est assez difficile de jouer sur deux tableaux, surtout lorsque les calendriers de compétitions se succèdent chaque semaine. Mais hors-compétition, je pratique toutes sortes de roller comme le freestyle, et il y a toujours à apprendre … Anthony Avella et le RSCT champions du monde de roller-soccer 2015 (Photo Quadman Magestick) Tu sembles avoir un goût très prononcé pour la compétition et les défis. As-tu de nouveaux projets liés au ride pour l'année 2016 ? Pour 2016, mon principal projet sera la reconquête du titre en skate cross ! Je ne serai plus l’homme à battre, la pression sera moins élevée pour moi… J’ai également bien envie de me remettre au roller street, ma pratique d’origine, celle qui me plaît le plus en fait ! L’objectif est de participer au circuit FISE World. J’ai vu les images de la finale cette année, franchement j’avais les jambes qui tremblaient derrière mon ordinateur ! Je ne peux pas le nier, je suis un rider et j ai encore envie de rider… Peace ! Pour conclure en beauté, voici Anthony Avella en action lors de la finale du championnat du monde skate cross 2014 ! Et en bonus 5 étoiles, le reportage que l'émission Riding Zone avait consacré en 2014 à Anthony Avella… Enjoy ! Photo en Une : Crédit Elodie Devaye Nicolas Arquin