The Rider Post | 24 février 2017 Crise requin à la Reunion : la fédération met les choses au claire ! SURF Water Depuis quelques jours et surtout depuis le décès d’Alexandre Naussac mardi dernier, beaucoup de choses ont été dites et écrites sur cette affaire. Le king Kelly Slater a mis le feu aux poudres en parlant de « serious cull » que beaucoup (dont nous) ont interprété par « abattage massif » alors qu’il aurait plutôt fallu traduire par « régulation conséquente », ce qui est plus édulcoré comme propos mais au final, le sens reste le même. Et le multiple champion du monde parlait uniquement des requins bouledogue, une espèce non protégée. Le Tahitien Michel Bourez et le réunionnais Jeremy Flores ont également réagit à ses propos. Les deux surfeurs pros se rangent du coté de Kelly et lui donnent raison. Un avis tranché qui ne fait pas l’unanimité et qui a suscité énormément de réactions chez les internautes. La Fédération Française de Surf a tenté de rétablir la vérité et de nous informer réellement sur ce qui se passe sur l’île de la Reunion avec ce communiqué (que nous publions juste en dessous de la photo d’Alexandre). Le but est d’éclairer les internautes sur les décisions et avis de ces pros riders mais n’oublions pas non plus qu’un homme est mort cette semaine donc il est justifié que certains prennent cette affaire très à coeur. La Fédération Française de Surf déplore les articles fallacieux dont une très large partie de la presse française s’est faite écho ces dernières heures suite à l’attaque mortelle d’Alexandre Naussac (26 ans) par un requin à La Réunion, mardi matin. Kelly Slater, légende vivante du surf mondial, est depuis 48 heures au coeur d’un tourbillon médiatique suite à son commentaire sur le profil Instagram du surfeur français Jérémy Florès. Le 11 fois champion du monde, grand défenseur des Océans, se prononce pour un « serious cull » qui doit se traduire ici par une « régulation conséquente » et non un « abattage massif ». VRP de plusieurs associations écologistes depuis une vingtaine d’années, le Floridien ne s’est pas subitement réveillé en demandant l’extermination de tous les requins. Il a pris le temps de la réflexion, s’est renseigné, a étudié la situation, a échangé avec les gens qui connaissent parfaitement le drame qui se joue en continu à La Réunion depuis six ans. Ce drame : 20 attaques sur des usagers de la mer (baigneurs, surfeurs, kayakiste), dont 8 mortelles, alors que la quasi-totalité de l’océan est déclaré interdit à La Réunion par arrêté préfectoral depuis juillet 2013. Le surfeur respecte son environnement et les requins Comme les surfeurs réunionnais, Kelly Slater souhaite la préservation globale des requins. Cette position est également celle de la Fédération Française de Surf, laquelle a apporté son soutien à la communauté surf réunionnaise depuis le début de la crise requin sur l’île de l’océan indien en février 2011. Aux prises de paroles ont succédé des actes comme les déplacements sur place du président de la Fédération et des réunions de travail dans différents Ministères pour tenter de sortir de cette crise. Le bouledogue : une espèce intrusive qui dérègle l’écosystème Le surfeur connait la fragilité de son terrain de jeu : il vit sa passion dans un environnement qu’il respecte. La cohabitation entre l’humain et la nature est le fondement même de son art de vivre. Mais lorsqu’une espèce intrusive comme le requin bouledogue pullule dans les eaux, occasionne un sérieux déséquilibre de l’écosystème en exterminant les requins de récif, et met en danger de mort toute une population, y compris les baigneurs, Kelly Slater manifeste son analyse en implorant une régulation locale. Quatre ans d’interdiction de baignade à La Réunion L’icône du surf mondial ne part donc pas en guerre contre « tous les requins » mais prone une pêche de régulation autour de La Réunion (220 km de circonférence). Sortir plusieurs spécimens de 3m50 pour 500 kilos des eaux réunionnaises n’ira pas condamner la planète comme veulent le faire croire les nouveaux animalistes. Cela évitera que des hommes, des femmes, des enfants, se fassent dévorer en se mettant à l’eau autour d’une île où l’océan entier est interdit depuis bientôt quatre ans (juillet 2013) par arrêté préfectoral. LA SITUATION À LA RÉUNION Nous vous conseillons la lecture de « La danse macabre », un éditorial de Philippe Le Claire, journaliste au Journal de l’Île de La Réunion, en date du mercredi 22 février 2017, qui vous éclairera sur la situation catastrophique que vivent nos compatriotes et qui permet de mieux cerner tous les enjeux. La danse macabre « La mort à 26 ans, c’est obscène. Et tous les commentaires du monde n’y feront rien, les plus stupides y ajouteront au pire une touche vulgaire, dans le genre, « y fallait pas y aller », ou encore « c’est bien fait, les surfeurs sont des inconscients ». Alexandre est mort hier (mardi 21 février, ndlr) en sacrifiant à sa passion, dans les eaux pas très claires de la Rivière du Mât. Mais cela aurait pu lui arriver n’importe où ailleurs sur le littoral interdit de notre île, sauf peut-être à Boucan, ou à Roches, parce que des filets ont été installés qui privent les requins bouledogue et les requins tigre de quelques arpents d’eau salée, quand des crétins ne les sabotent pas. Partout ailleurs les Réunionnais sont privés de mer. Sécurité oblige. Parce que les requins pullulent et qu’ils ont envahi les spots qui étaient il y a quelques années encore une version balnéaire des jardins d’enfants, avec des cohortes de petits élèves qui se mettaient à l’eau en suivant leur prof de surf, comme des tortues ninja avec leur bodyboard sur le dos… On les voyait danser sur les vagues, suivre des trajectoires improbables, sous le sifflet impérieux de Bertrand ou de ses homologues. Et puis la terreur s’est installée. Mathieu Schiller a été tué à Boucan Canot et Alexandre Rassiga, Stéphane Berhamel, Élio Canestri… Une triste litanie à laquelle se sont ajoutées une adolescente happée sur la plage de Saint-Paul alors qu’elle se baignait tout près du bord, et encore Talon Bishop, dans les mêmes conditions à Etang-Salé… Surfers, bodyboarders, simples baigneurs et tous les autres, blessés, amputés, traumatisés. Tout le littoral est interdit à la baignade, à la pratique des sports nautiques. Il n’y a presque plus personne dans l’eau, et pourtant, les attaques perdurent, parce que les requins sont là et que l’on a beaucoup de mal à traiter ce danger. Parce que l’on ne peut empêcher les plus passionnés de se mettre à l’eau. Et que des fanatiques s’opposent de façon véhémente à ce que des zones d’exclusion soient opposées aux requins, que l’effort de pêche participe à la régulation des populations. Le conseil scientifique de la réserve marine refuse de prendre en compte l’impérative nécessité de faire primer la sécurité des personnes sur celle des requins. Par idéologie, parce que l’on ne doit pas pêcher dans une réserve marine expliquent-ils, même des requins de 300 kg qui sont de véritables dangers publics. Une rigidité intellectuelle qui n’a d’égale que la mauvaise foi de ceux qui la professent. La réserve marine n’a-t-elle pas acheté la paix sociale en autorisant la pêche dite traditionnelle dans le lagon, qui n’est autre qu’une fragile écloserie transformée en pédiluve ? En s’opposant à la sécurisation des plages et des spots à l’aide de drumlines qui ne ciblent que les requins, en instrumentalisant le conseil scientifique de la réserve marine qui se fait la voix d’associations environnementalistes délirantes à la Sea shepherd, Longitude 181, Requin, Intégration, Sauvegarde des Requins, Tendua… un quarteron de personnes irresponsables perpétue une crise qui s’avère humainement et économiquement catastrophique pour La Réunion. D’ailleurs leur porte-parole, un certain Jean-Bernard Galvez, osait hier affirmer que le drame qui a coûté la vie à Alexandre Naussac aurait été provoqué par l’installation d’une « ceinture d’appâts devant la côte ouest (…) jusqu’à Sainte-Marie ». Et d’en tirer la conclusion suivante : « On a ainsi fixé sur La Réunion les requins de passage qui font tranquillement le tour de l’île… » Il est ainsi des comportements et des prises de position qui sont criminels. Des responsabilités qui ne peuvent être ainsi impunément engagées. Les collectivités et l’Etat se doivent d’agir en Raison pour faire cesser ce scandale, cette danse macabre. » Plus d’infos sur le facebook de la Fédération Française de Surf