The Rider Post | 27 juin 2018 Quand les sports urbains inspirent la mode, décryptage du phénomène culture LES rideurs se sont toujours démarqués par leur singularité et leur volonté de s’affranchir des diktats de la modE. Mais c’était sans compter l’appétit de la mode à l’égard des sous cultures underground, cette tendance à digérer le subversif pour en faire du mainstream. La collaboration entre la marque de skate new yorkaise Supreme et Louis Vuitton en 2107 illustre parfaitement ce phénomène. C’est parti pour un rapide décryptage de cette tendance qu’a la mode de s’inspirer des sports urbains, et plus particulièrement du skate. La figure du rideur, un symbole de liberté et de déviance contrôlée On ne compte plus les apparitions de skate dans les spots de pub à la télé, au cinéma ou sur des affiches dans la rue. A la fois caution de coolitude et de rébellion sage, les sports urbains sont devenus une source d’inspiration privilégiée pour les marques. Les premiers concernés sont les fameux millennials, une tranche de la population volontairement floue allant de 15 à 30 ans. Comme le souligne cependant la journaliste de mode Alice Pfeiffer, la culture skate que l’on vend aux jeunes nés dans les années 90’s est une “histoire du skate réécrite, un passé fantasmé.” À grand coups de clips d’Avril Lavigne et de jeux Tony Hawk Pro Skater, la culture skate s’est progressivement mainstrimisée pour pouvoir intégrer les codes de la pop culture. Coolitude et culture instagram Silas Adler et Jacob Kampp Berliner de la marque Soulland, Source : Lyst Aujourd’hui, la mode du skate ne vise pas uniquement les skateurs. Il suffit de taper #skateboard sur Instagram pour se rendre compte du phénomène. A côté de vidéos de rideurs, on trouve des kids jouant les mannequins et autant d’articles de vêtements. En s’affichant avec des marqueurs de la skate culture, on met davantage en avant les valeurs partagées avec les skateurs comme la liberté ou un besoin de communauté que la véritable passion pour le bitume qui râpe. C’est ainsi que les fondateurs de la marque Soulland soulignent l’importance de la jeunesse et cette attirance pour la jeunesse éternelle dans le milieu du skate, qui se ressent ainsi dans la mode. A l’image gentiment déviante du skate s’ajoute ainsi un certain aspect écologique, un besoin de ralentissement et de mobilité douce selon l’expression politiquement correcte. Cette relecture green de notre époque séduit donc un public large, allant du jeune lycéen au trentenaire citadin. Devant ce marché transversal, les marques surfent naturellement sur cette vague de coolness. Ne vous étonnez donc pas si votre mère a des Vans aux pieds en 2018, idée quasi impensable il y a 15 ans. L’avènement du streetwear et du remix dans le luxe Il est difficile de passer à côté, baskets et autres casquettes se sont fait une place de choix dans les rues, jusqu’à être invités sur les défilés de mode. Dans le prêt à porter de luxe, les références aux streetwear sont évidentes. Ce qui intéresse les créateurs, c’est le remix : jongler avec les codes du hard rock, du hip hop et des sports urbains. Si le skate était synonyme d’appartenance à un véritable clan à ses débuts, il est aujourd’hui devenu un objet de la pop culture à part entière, à l’exemple du phénomène Thrasher. Fondée en 1981, ce magazine de skate légendaire a vu ses T-shirts envahir les gardes robes des célébrités comme Rihanna ou Justin Bieber. Source : La Skateboarderie Malgré la compréhensible gronde des skateurs, la journaliste Alice Pfeiffer explique cela par le fait que les gens piochent avec plus de liberté dans la culture skate que dans d’autres cultures alternatives. Profitant de cette marge de manœuvre, Supreme a désormais une vraie présence dans le luxe, en témoigne ses collaborations à la chaîne, que ce soit avec le géant Louis Vuitton ou les marques de créateurs Comme des Garçons, Adam Kimmel ou Undercover. Il y a aujourd’hui une véritable tendance de fond à manipuler les logos dans la mode, quitte à parfois frôler le ridicule… Si le détournement et le fait-maison font partie intégrante de la skate culture, ils ont été assimilés par la grande machine du luxe. Qu’elles soient réussies ou maladroites, ces collaborations n’en restent pas moins d’énormes succès commerciaux et la tendance ne semble pas prête de s’arrêter tout de suite. Pour en savoir plus sur ce phénomène, voici le reportage de Riding Zone sur le sujet :