Vincent Girard | 19 janvier 2019 Nathan Paulin : « Cette highline sur les pics rocheux des Marquises nous faisait rêver » Slackline Ce dimanche, l’émission Riding Zone vous emmène au milieu du Pacifique sur les Îles Marquises pour une aventure exceptionnelle. Les Français Antony Newton, Erwan Le Lann et Nathan Paulin (que nous interviewions ici) ont tenté de poser la première highline des Marquises entre les pics rocheux emblématiques de ces îles parmi les plus inaccessibles au monde. Figure de la slackline en France et à l’international, Nathan Paulin possède avec Pablo Signoret et Lucas Milliard le record de la plus longue highline du monde avec une distance de 1,6 kilomètre parcourue en 2017 au-dessus du cirque de Navacelles. Nathan est également détenteur du record du monde de la discipline en milieu urbain, réalisé en décembre 2017 à Paris entre la Tour Eiffel et la Place du Trocadéro. Cet exploit avait été réalisé avec les équipes de Puzzle Media. Et c’est de nouveau avec un journaliste de la société spécialisée dans les émissions à sensations fortes que Nathan Paulin, Antony Newton et le navigateur Erwan Le Lann se sont rendus sur les Îles Marquises pour y poser leurs sangles de slackline. Objectif, être les premiers à réussir une highline entre les pics rocheux de ces îles du bout du monde. Signé Bertrand Delapierre, ce reportage (dont vous pouvez découvrir le teaser ci-dessous) sera diffusé dans l’émission Riding Zone ce dimanche 20 janvier sur France Ô à partir de 9h30. En attendant, nous avons voulu en savoir plus avec Nathan Paulin sur les conditions de cet exploit qui a permis aux trois hommes d’ouvrir les premières lignes de highline des Marquises. Comment ce projet de slackline aux Îles Marquises est-il né ? On a lancé ça en parallèle avec le projet Maewan d’Erwan Le Lann qui fait le tour du monde sur son bateau depuis quatre ans. Il est parti de Bretagne, est passé par l’Alaska pour aller en Russie et a navigué sur de nombreuses mers à travers le monde. L’année dernière, il a fini par se poser à Tahiti. On l’a su via son frère Morgan Le Lann qui gérait la slackline sur les Natural Games. On était là-bas à ce moment-là avec mon pote Antony Newton et on a donc regardé ce qu’il était possible de faire en slack à Bora Bora. Mais ça manquait de relief pour la highline. On a alors décidé de mettre le cap sur les Marquises. Un petit détour par bateau de 1 500 km tout de même… (rires). Et comme Erwan avait décidé de se poser pendant un an en Polynésie, on a su qu’on aurait le temps de partir là-bas avec lui pendant plusieurs jours. C’était une belle opportunité d’autant que rien n’avait jamais été fait sur les Marquises en matière de highline. Mais ces 10 jours en bateau n’ont pas été de tout repos… Effectivement, Anthony et moi, on ne connaissait pas vraiment la mer. J’ai été malade au début et Anthony tout le long du voyage. Le moment le plus dur a été la navigation sans escale pendant cinq jours. Mais ça nous plaisait de découvrir un nouvel environnement tout en ayant toujours comme objectif de faire de la highline. Le bateau était de toute façon une belle opportunité qu’on ne pouvait pas louper. Une fois arrivé sur place, l’approche n’a pas été simple dans la jungle d’Ua Pou aux Marquises pour vos premiers essais. Oui, on savait qu’il y avait des Allemands qui étaient passés par là il y a une vingtaine d’années. Mais on n’a jamais vu leur trace dans la jungle. On a dû faire beaucoup de défrichage. C’était assez épuisant mais c’était une belle marche d’approche. Et c’est aussi ça qui est intéressant dans ce sport. C’est la façon dont tu vas arriver sur place, d’imaginer comment tu vas poser ta ligne sur la montagne. C’est aussi motivant que la traversée en elle-même sur la sangle. Mais vous avez pourtant dû revoir vos plans par rapport à ce qui était prévu. C’était effectivement trop compliqué de poser une sangle là où on l’espérait. Il aurait fallu passer 20 jours sur place pour y arriver. Et comme on voulait une certaine diversité et ne pas passer toute notre aventure sur la même montagne, on a abandonné le projet. Ça nous a fait un coup au moral, mais on se disait que rien n’était perdu. Finalement, on a reporté nos forces sur un autre spot. Un spot qui s’est trouvé être une magnifique baie des Marquises. C’est en faisant du parapente que l’on a découvert cette baie. On est parvenu à poser une highline de 370 mètres de longueur. On avait amené beaucoup de matériel et on voulait le rentabiliser. Il y avait de l’eau en dessous, des paysages sublimes et une bonne ambiance. On s’est rattrapé de notre premier échec et on a réussi à faire cette première highline aux Marquises. Quelle était la plus grande difficulté une fois sur la sangle ? Le vent évidemment. Il ne s’est quasiment jamais calmé et il était toujours très puissant. On pouvait bouger de plusieurs mètres de chaque côté tout en étant sur la sangle. La concentration était intense. Ce sont des conditions qui nous ont poussés dans nos retranchements. Mais on a finalement réussi à bien marcher sur cette highline. Sur l’autre île de Nuku Hiva, vous avez opté pour une approche originale. On avait en effet repéré des chevaux qui appartenaient aux locaux. Et après une première approche à pied, ils nous ont prêté leurs montures. Les locaux étaient contents de nous aider et c’était vraiment pratique pour mettre le gros du matos sur leur dos. Est-ce à Nuku Hiva que tu estimes avoir fait la plus belle highline du trip ? Oui, car ce sont bien ces piques impressionnants et caractéristiques de cette île qui nous faisaient rêver au départ. Même si c’était moins haut qu’à Ua Pou, ça restait un spot magnifique avec l’eau pas loin. Par contre, le vent était toujours présent avec les alizées de la côte qui soufflaient en permanence. On a fini là-dessus et c’était gratifiant de pouvoir enfin mettre une highline sur les pics rocheux des Marquises. On pense que les personnes qui sont montées à pied là-haut se comptent sur les doigts d’une main. Alors aller y poser une sangle, c’était vraiment une première. Les Îles Marquises sont donc définitivement un spot à highline ? Oui, il y a un énorme potentiel sur ces îles. J’étais déjà allé à la Réunion, c’était un peu le même genre d’endroit. Il y a de l’érosion qui travaille la roche des volcans et ça crée des reliefs impressionnants et abrupts qui sont parfaits pour la highline. Par contre, les Marquises restent des îles difficilement accessibles. Encore plus quand il s’agit d’aller sur les spots sur lesquels nous étions. Si tu a un bateau, c’est envisageable, mais ça reste quoi qu’il arrive une véritable aventure.