Alors que d'autres collectionnent les timbres, les classent soigneusement et font grimper leur valeur au fil des années, le péché mignon de Jason, c'est les stickers de skate. En trente ans, ce n'est pas moins de 5000 stickers collectionnés, rangés, classés, triés, ordonnés, groupés, classifiés, agencés, répartis dans des boîtes ou entreposés tels des tableaux de maitres sur murs blancs, pour les plus beaux. Le sticker, c'est le signe distinctif de chaque skateboarder: ses marques préférées, ses idoles, ses teams favorites,… Une board révèle la personnalité de son propriétaire, sa façon de rider, ceux qui l'inspirent ainsi que ses valeurs. Regarder une planche, c'est comme regarder profondément dans les yeux d'une personne: on plonge dans son esprit. N'étant au départ qu'un moyen de fidéliser, faire de la pub facilement et à petit budget, le sticker, gratuit, s'échangeait dans les coulisses des skateparks ou après une bonne session crevante. C'était bien la devise de Jason, ne pas en acheter et jouer le jeu à fond, le troc faisant partie de ce monde. Responsable d'un skate-shop à Lyon, le Surplus, lui a permi de trocer et chiner à la manière d'un antiquaire avisé, notamment grâce à une affiche: « Recherche tout vieux sticker années 1990 ». Mais devenir expert se fait à la sueur du front, et pour parfaire sa collection, Jason a dû faire quelques entorses à sa règle d'or. Il acheta son premier sticker aux Etats-Unis, alors qu'il était en visite en Cali: "Ces radins, ils te les vendent les stickers. J'étais à Venice et il y avait ce skate-shop dont la porte était farcie de stickers Santa Cruz, des vieux. Ils en avaient encore pas mal d'époque donc j'en ai acheté plusieurs ce jour-là, deux dollars pièce – ça devait être en 1992.'
Mais qu'est-ce qui rend un sticker inestimable? L'amour qu'on porte pour son style et le courant qu'il représente, le nom du skateur qui lui est associé. Pour Jason : " tous les trucs de Jim Phillips pour Santa Cruz". Sa valeur donc est subjective, mais la rareté est gagne de préciosité. Une quête infinie pour Jason qui parfois, lui fait vivre de beaux moments :
"Un de mes plus beaux coups est venu de ma sœur, qui travaillait avec moi à une époque. Il y a quelques années donc, je vais chez elle et je lui dis : « Tiens, je ressors mes vieux stickers. » Elle me répond qu'elle a encore une boîte qui traîne chez elle. Elle me la donne, et dedans il y avait le vieux Tony Hawk original. J'étais refait. Ma sœur, quoi ! "
On lui souhaite encore de belles découvertes, et à dans 10 ans Jaz' ! D'après nos calculs, ta collec' aura augmentée de 166,666667 stickers, si t'es bien régulier.
Interview complète ici.
JUDE