Autant chez les hommes que chez les femmes, les Français ont été omniprésents sur les podiums des mondiaux de VTT sur neige. Riding Zone et The Rider Post étaient sur place à Châtel ce samedi pour assister à ce deuxième championnat du monde d’une discipline qui se cherche encore.
On n’a vu que du bleu aujourd’hui à Châtel pour les deuxièmes championnats du monde de VTT sur neige, nouvelle discipline prise en main depuis peu par l’UCI. Hormis la Suissesse Lisa Baumann, intouchable chez les femmes et qui a revêtu le maillot arc-en-ciel en Super G et en dual slalom et qui a devancé à chaque fois deux autres rideuses françaises, toutes les autres médailles de ces mondiaux sont reparties dans les mains des Bleus avec notamment le titre mondial de Vincent Tupin sur l’épreuve du Super G et celui de Leo Grisel en Dual Slalom (regardez en bas de papier le replay intégral de l’épreuve).

Discipline jusque-là extrêmement confidentielle, le VTT sur neige a connu un gros coup d’accélérateur depuis 2020 et le désir de David Lappartient, président de l’institution, de placer ce sport aux Jeux Olympiques dès 2030, pour l’édition organisée dans les Alpes françaises. Il y a encore deux ans à peine, les images de VTT sur neige se limitaient à celles de Vincent Tupin, ridant dans les sous-bois à Châtel, Antoni Villoni à 130 km/h sur les pistes de la station du domaine des Portes du Soleil ou Eric Barone et ses records de vitesse en VTT sur neige à plus de 200 km/h. Mais les initiatives pour structurer ce sport, organiser un championnat local ou national étaient rarissimes dans le milieu du VTT.

Ce week-end, l’énergie mise par l’UCI et la station de Haute-Savoie a déjà permis de constater que la discipline pouvait trouver un public captif, notamment sur l’épreuve du Dual Slalom, disputée de nuit, sur une descente de 510 mètres pour 155 mètres de dénivelé, tracée à la fin de la piste Linga. Ce samedi soir, la foule était massée autour de la raquette d’arrivée et l’ambiance était digne de certaines épreuves de ski alpin. Le tracé reprenant d’ailleurs le principe du slalom parallèle en ski, avec deux tracés similaires l’un à côté de l’autre et une dizaine de portes réparties sur la face (cette dernière étant visible en intégralité par les spectateurs depuis le bas de la piste). Deux manches étant nécessaires à partir des huitièmes de finale pour départager les riders.
Sur la technique, rien n’est facile pour un VTT sur la neige et malgré les 300 clous placés dans chaque pneu pour augmenter l’adhérence, l’équilibre reste évidemment très précaire et c’est avant tout l’expérience de rouler sur cette surface avec un vélo qui fait toute la différence. On l’a ainsi largement constaté sur l’épreuve de Super G ce samedi matin. Tracée sur la piste L’aity et Linga, cette discipline reprend là aussi le principe du Super G en ski avec un tracé joueur et une piste longue de deux kilomètres pour 600 mètres de dénivelé. Sans surprise, on a donc retrouvé aux avant-postes Vincent Tupin (grand spécialiste du genre) et Pierre Thevenard (double champion du monde sur les premiers mondiaux de VTT sur neige l’an dernier), les deux Français collant de belles valises à de solides riders de niveau international et engagés en Coupe du Monde. Baptiste Pierron (champion d’Europe de DH) est ainsi à 16 secondes de Tupin, vainqueur de l’épreuve devant Thevenard et le vétéran Cédric Gracia (46 ans). L’Italien Loris Revelli (champion national de DH et d’enduro) est à 17 secondes et Thibault Laly à 20 secondes.

Maillot arc-en-ciel sur les épaules, Vincent Tupin reconnaissait pourtant après sa victoire en Super G « n’avoir pas forcément d’objectif avant la course. Je suis avant tout un freerideur, donc je viens surtout pour le fun sur les compétitions. Mais même si je participe à peu d’épreuves, il faut reconnaître que c’est mon plus gros titre. Champion du monde, ça parle à tout le monde. » Quant à savoir où va la discipline, le rider Scott évoque notamment une amélioration du spot par rapport à 2024. « Cette année, on a suggéré quelques améliorations à l’organisation avec Pierre (Thevenard), notamment des petits sauts sur le Super G. Ça va dans la bonne direction, car si on veut prétendre à proposer une piste de championnat du monde de VTT, il faut faire décoller les roues à un moment ou un autre. »

Reste désormais à faire venir sur ces mondiaux de « Snow Bike » la fine fleur de la descente internationale. Sur cette édition, aucun membre du top 30 du général de la Coupe du Monde de DH 2024 n’était présent à Châtel. « Il faut dire que certains ont peut-être plus à perdre qu’à gagner » fait remarquer Vincent Tupin. Un argument qui se tient quand on voit l’écart que l’ambassadeur de la station de Châtel fait sur certains bons pilotes de DH. L’atout majeur de la discipline reste probablement le plaisir de rouler sur la neige, qui emballe bien souvent n’importe quel pilote. « Quand les très bons riders s’y essayent pour la première fois, ils reconnaissent qu’il y a des sensations de fous » explique le nouveau champion du monde. « Tout le monde est heureux une fois arrivé en bas, même les gars qui prennent 20 ou 25 secondes à l’arrivée » confirme également Pierre Thevenard qui voit d’autres pistes d’amélioration pour l’avenir. « Il faudrait peut-être faire plus de descentes d’entraînement en rajoutant une ou deux journées en amont de la finale. Ça permettrait aux pilotes étrangers notamment de ne pas venir que pour un seul jour comme c’est le cas cette année. »

L’UCI a encore quelques années pour travailler le sujet et faire grandir la discipline avant que cette dernière ne devienne peut-être olympique. Un facteur qui pourrait tout changer à l’avenir, même s’il ne va pas forcément dans le sens de l’histoire. « La logique voudrait que ce soit la DH qui soit olympique avant le Snow Bike » reconnait la double championne du monde Lisa Baumann. « Mais si le VTT sur neige devient olympique, les meilleurs athlètes s’aligneront forcément sur l’épreuve. Même à contrecœur. » Inverser la tendance reste un joli pari pour l’UCI et les stations qui accueillent la discipline. Il faut espérer qu’un jour, les Loïc Bruni, Myriam Nicole et autres Amaury Pierron puissent tester les joies de la descente sur neige à VTT. Prendre ainsi goût au manteau blanc avant d’enfiler le maillot arc-en-ciel.
Regardez en replay ci-dessous le dernier épisode d’Actu Ride (émission produite par Puzzle Media).