L’Héliski un rêve inaccessible ?

Se faire déposer en hélicoptère au sommet d’un glacier et s’offrir une descente freeride unique dans un décor exceptionnel, vous en rêvez depuis des années. Direction les Alpes suisses dans le canton du Valais pour concrétiser vos rêves.

Les a priori font passer l’héliski pour un hobby réservé exclusivement aux riches, un petit luxe pour ne pas transpirer en ski de randonnée ou se mélanger à la foule dans les stations de ski. Pourtant l’heliski réponds à bien plus que cela et s’adresse à tous. Il offre l’opportunité pour tout passionné de montagne et de freeride, et ce quelque soit son niveau, de vivre une expérience unique. Le privilège de se rendre dans un endroit inaccessible, d’admirer un panorama exceptionnel et de s’offrir une descente freeride riche en sensations fortes.
Mais attention, les risques d’avalanches sont bien présents dans les Alpes suisses notamment, 25 personnes ont déjà trouvées la mort depuis le début de la saison. (NDLR : à la date du 24 février 2015).

Où faire de l’héliski ?
En France l’héliski est interdit depuis 1985, comme c’est le cas en Allemagne et au Lichtenstein. Les principales raisons sont les nuisances sur la nature et l’environnement. L ‘héliski est autorisé en Suisse, Italie et Autriche. Mais vous pouvez vous faire déposer en Suisse ou Italie et descendre en hors-piste via une station française comme c’est le cas dans la station de La Rosière par exemple. En Suisse, certes la dépose d’hélico est autorisée mais elle reste très règlementée, il n’existe que quelques places d’atterrissages en montagne. Les déposes habituelles et connues dans le canton du Valais en Suisse sont le Petit Combien, la Pigne d’Arolla, Rosablanche, Trient, Mont-Rose, Tête de Valpelline et Wildhorn. Une fois votre glacier choisi, c’est le choix de l’itinéraire déterminé par le guide qui fera la qualité de votre descente.

À qui ça s’adresse l’héliportage ?
À tous les amateurs de sensations fortes, de liberté et d’espaces vierges, ceux qui ont le budget et qui n’ont pas le courage de faire une ascension en ski de rando. Les guides s’adaptent à tous les niveaux, pas besoin d’être un rideur expert ou confirmé pour s’offrir une dépose en hélico. On demande de savoir passer à peu près partout et d’avoir déjà testé le ski sur neige poudreuse. Ceci dit si votre motivation première est la recherche de peuf, l’héliski n’est pas la meilleure option, tournez-vous plutôt vers une sortie freeride avec guide les jours suivants une chute de neige, plus rentable et offrant plusieurs variantes de descente. Les amateurs d’heliski viennent plutôt chercher l’évasion, la beauté du paysage en haute montagne et la descente doit parfois se faire dans les traces du guide pour minimiser les risques.

Quel est le prix d’une dépose en hélico ?
Certes il faudra prévoir le budget heliski dans vos vacances en Suisse, mais cela reste relativement abordable. Bien-sûr il y a ceux qui s’offrent trois descentes d’heliski dans la semaine chaque année et ceux qui se l’offre une seule fois dans leur vie. Dans tous les cas, tous ceux qui ont testé vous diront que vous en aurez pour votre argent.
L’hélicoptère peut prendre quatre passagers derrière et le guide devant. En collectif, pour quatre clients maximum il faut compter 400€ la dépose par personne. Les prix augmentent si l’hélico n’est pas rempli. À cela il faut rajouter d’éventuelles options en fonction des prestataires : la location du matériel de recherche d’avalanche (ARVA, pelle et sonde dans sac à dos) et une assurance supplémentaire (pas toujours obligatoire).

Chloé du blog Kinda Break a testé pour vous la dépose sur le Glacier du Trient
Le départ s’est fait fait dans la station de ski de Verbier. Nous sommes dix : deux groupes de quatre clients avec deux guides. Nous serons les deux seuls snowboardeurs pour six skieurs. Les guides nous font mettre chacun un baudrier, une sécurité si l’un d’entre nous tomberait dans une crevasse par exemple. Ensuite ils contrôlent notre équipement de système de recherche en avalanche. Nous devons allumer l’ARVA et être tous détectables. Après avoir pris une première remontée mécanique on rejoint le départ de l’hélicoptère à la Croix de cœur. Le vol en hélico dure une dizaine de minutes survolant tout le massif alpin du Trient et sa mer de nuages. L’hélicoptère fait une rotation et part chercher le second groupe.
La dépose se fait sur le glacier de Trient à 3480 mètres d’altitude au col des Plines derrière l’aiguille d’Argentière, on aperçoit la cabane du Trient. La vue ici à 360° est à couper le souffle. Les parois granitiques abruptes, à l’instar de celles de Chamonix laissent apparaître un point de vue plongeant impressionnant. La frontière avec la France et la vallée de Chamonix se trouve seulement à 30 minutes de marche du col des Plines. On prend plaisir à venir marcher jusqu’au granite et à le toucher, apparaissant presque irréel comme si il était en 3D. Notre guide nous fait prendre la descente du glacier de Saleinaz jusqu’au village de Praz de Fort, soit 2200 mètres de dénivelé total. Le premier passage nous conduit vers un petit couloir assez vertical, le faible enneigement laisse apparaître de gros rochers qui empêchent l’option de le contourner. Le guide décide donc de sortir la corde et nous descendons un par un en dérapage et encordés. Cette petite difficulté nous plonge tout de suite dans l’ambiance. Nous traçons nos premières courbes dans une neige fraîche immaculée et même si les dernières tombées de neige remontent à quelques jours, nous avons le plaisir de trouver de la poudreuse ici. Un guide ouvre la descente et le second la ferme. Certaines fois nous devons suivre les traces du guide, laissant un espace de 20 ou 30 mètres entre nous et certaines fois nous avons la liberté de faire nos propres traces à gauche ou à droite de celle du premier guide. Nous atteignons le glacier de Saleinaz, des énormes crevasses nous font prendre conscience de l’avancée du glacier et des risques encourus. Les blocs de glaces vert émeraude, les ceracs, sortent du sol et sont impressionnants, nous ridons seulement à quelques mètres, on se sent tout petits. Plusieurs signes nous rappellent le danger comme un passage sur une grosse plaque qui a décrochée quelques jours auparavant. La descente permet de skier sur différents terrains et décors. Après le glacier, s’offre à nous un champs de pillows à faire baver tous les lecteurs de magazines de freeride, mais les risques sont là, chaque pillow laisse apparaître un trou de roches derrière lui, nous sommes prudents. La dernière partie se fait dans les sapins, une balade dans les bois très agréable avant d’atteindre Prat de Fort. C’est avec des images encore plein les yeux que nous attendons la navette qui nous ramènera au point de départ à Verbier.
Récit d’une expérience en héliski avec Adrenaline à Verbier. (www.heliskiing-switzerland.com)

Privilège, adrénaline et action
Pour tous les amateurs de ski, snowboard, randonnées, freeride et sensations fortes, l’héliski est une cerise sur un gâteau à s’offrir au moins une fois dans sa vie. La dépose d’hélico offre l’occasion unique d’accéder à des endroits magnifiques que peut-être 99,9 % de la population n’aura jamais la chance de voir. C’est le privilège, se dire qu’à l’instant présent on vit quelque chose d’exceptionnel, d’exclusif. C’est aussi l’adrénaline, la peur d’une avalanche, la peur de dévisser, la peur de se blesser à 3000m d’altitude loin des secours… La descente rompt le quotidien et nous fait se surpasser, un moment unique où les conflits et problèmes persos sont immédiatement chassés de l’esprit. Enfin c’est aussi l’action, même si le paysage environnant pousse à la contemplation, le freeride impose de ne pas trainer, d’avancer et de réagir en fonction de l’environnement. Aucune descente ne ressemble à une autre et la nature demande analyse, réflexion et anticipation avant l’action. Dans une société où l’on est parfois très assisté, où l'on subit les choses, ici il ne faut pas être passif. On est maître de soi. La montagne est impressionnante et encore plus dans un décor comme cela au milieu des glaciers hauts en altitude. La montagne permet de garder les pieds sur terre dans une vie parfois très matérialisée et superficielle. La montagne remet les valeurs essentielles de la vie à leur place.

Chloé Delanoue du blog www.kindabreak.com

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