4 000 km en kayak entre San Francisco et Hawaï : Le défi fou d’un Français



Entrepreneur français de 44 ans, Cyril Derreumaux tentera à partir du 30 mai prochain de traverser l’Océan Pacifique de Francisco à Hawaï en kayak sur plus de 4 000 km.

C’est sous le Golden Gate de San Francisco que le kayakiste français Cyril Derreumaux originaire de la région de Lille, et établi aux États-Unis depuis maintenant plus de 10 ans, entamera l’aventure qu’il prépare depuis trois ans. Objectif pour lui : rallier Hawaï, 4 000 km plus loin. Ce défi (que vous pourrez suivre à cette adresse) n’a été réalisé pour le moment qu’une seule fois en 1987 par le rameur Ed Gillet qui l’avait bouclée à l’époque en 64 jours.

© TERESA O’BRIEN

Fort d’une décennie de nombreuses expériences sur différents supports de rames (canoë outrigger, aviron, kayak…), Cyril Derreumaux connaît particulièrement bien les enjeux de cette traversée « Californie-Hawaii » pour l’avoir déjà réalisée il y a cinq ans avec trois coéquipiers rameurs dans le cadre de la “Great Pacific Race”. À l’époque, ils avaient remporté la course en 39 jours 9 heures et 56 minutes, établissant d’ailleurs un nouveau record du monde “Guinness” pour la traversée la plus rapide. “Cette fois-ci ce sera très différent” raconte Cyril. “D’abord ça n’est pas le même type de bateau, et en plus des efforts physiques et la navigation, je vais devoir gérer le fait d’être seul longtemps. Ça n’est pas du tout naturel pour moi qui suis plutôt communiquant, j’ai en général vraiment besoin d’être avec les gens et de partager. J’espère ne pas me retrouver à parler tout seul trop vite !

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Baptisé “Valentine”, du nom de la sœur de Cyril, le kayak océanique long de 7 mètres pour 200 kg (450 kg en charge) est construit en composite carbone/époxy, lui permettant d’être à la fois léger et solide, et est équipé d’une centrale de navigation et de communication complète avec GPS, téléphone satellite, radar de positionnement, tout cela étant alimenté par des panneaux solaires qui rendent l’installation autonome en énergie. Une petite cabine étanche de 1,80 m de long, suffisamment haute pour qu’il puisse tout juste tenir en position assise, permettra à Cyril Derreumaux de s’allonger pour prendre du repos, et de se mettre à l’abri des conditions météo difficiles. “C’est lors des tempêtes que je risque d’être le plus en difficulté. Imaginez-vous au milieu d’un océan infini, sans aucune terre à proximité, le vent souffle en furie, et les vagues peuvent être si grosses que le kayak peut rouler et se retourner. Même s’il est conçu pour se redresser automatiquement en cas de chavirage, ce sera un peu comme se retrouver dans le tambour d’une machine à laver. Dans ce cas-là je n’aurais pas d’autre choix que de mettre mon casque, de mouiller l’ancre flottante – qui est une sorte de parachute qui permet que le kayak reste perpendiculaire aux vagues – et de prendre mon mal en patience en attendant l’accalmie“.

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Malgré le fait qu’il ait beaucoup navigué en baie de San Francisco ces derniers mois pour s’entraîner, il sera très certainement confronté au mal de mer, au fait d’habituer son corps à une nouvelle alimentation et à un rythme inhabituel de sommeil et d’efforts. “Une journée typique ce sera un réveil à l’aube, un petit déjeuner, puis une séance de rame de 4 à 5 heures avant une pause pour le déjeuner. Puis une nouvelle séance de rame de 4 à 5 heures, peut-être plus si les conditions sont bonnes jusqu’au coucher du soleil. À ce moment-là, ce sera l’heure de me préparer pour une nuit dans ma cabine, qui sera interrompue toutes les 2 heures pour me permettre de faire un contrôle de sécurité de mon bateau, des conditions météo et des éventuels autres navires autour de moi”.

Cyril Derreumaux prévoit de dépenser environ 8 000 calories par jour, pour un apport alimentaire maximum de 6 000 calories qui lui sera amené par des aliments principalement déshydratés. Il anticipe donc une perte d’environ 10 kg durant son voyage, qu’il a compensée en partie en prenant environ 5 kg ces derniers mois. Et c’est un désalinisateur, alimenté par les panneaux solaires, qui sera en charge de la production d’eau douce à partir de l’eau de mer.

© TERESA O’BRIEN

Plus que tout, le rameur espère de cette aventure qu’elle “lui offre un nouveau regard sur la vie !”. “Je ne sais pas dans quel état d’esprit je serai en bouclant la traversée, mais je sais que je serai une personne profondément différente, un être humain plus conscient de toutes les choses que l’on considère comme allant de soi, et que le manque temporaire nous fait encore plus apprécier lorsque l’on a la chance d’en profiter au retour.”.

De son côté, l’émission Riding Zone (produite par Puzzle Media) avait suivi Nicolas Lambert, vice-champion d’Europe de Surfski lors de sa traversée entre le continent et la corse à la seule force de ses bras. Regardez le reportage ci-dessous en replay.