The Rider Post | 6 avril 2016 Guirec Soudée : « Jamais je n’ai pensé qu’on allait y passer ». Récit du plus courageux des jeunes aventuriers. culture Water Guirec Soudée est un jeune aventurier qui a décidé de faire le tour du monde en voilier. The Rider Post vous raconte son histoire en photos et vidéos. Guirec, jeune apprenti aventurier né sur l’île d’Yvinec (Bretagne), avait une idée en tête depuis sa plus tendre enfance : s’acheter un voilier pour faire le tour du monde. En 2013, après une longue préparation, il met les voiles vers les Canaries, juste avant de se lancer dans le grand voyage qu’est la traversé de l’Atlantique, en direction du Groenland. Il fait escale aux Canaries où il fera la connaissance de Monique, poule poudeuse magnifique, qu’il décidera d’emmener avec lui pour le voyage. Guirec du accoster plusieurs fois, afin de réparer et préparer son bateau, remplir les caisses, se retrouvant parfois avec pas moins de 60 centimes en poche. Une escale de six mois à St Barthélémy lui permit de renflouer son compte et de préparer son bateau aux températures extrêmes de l’Arctique : système de chauffage, matériel d’isolation, ski, matériel de randonnées, … Il reprend la mer en juillet 2015, direction finale, le Groenland. Le début de la traversé fut coriace, Guirec et Monique ont été malmenés par les éléments pendant plus de 8h, dans des atteignant 50 noeuds et des creux avoisinant les 7mètres. « Cette expérience m’a permis de réaliser que nous sommes bien fragiles face à la prodigieuse force des éléments… Mais elle m’a aussi permis de repousser les limites de mes peurs… Et de renforcer mon self-control…! » confie Guirec dans son blog. En plus de Monique, les dauphins et les baleines se sont joint au navigateur pendant toute la durée du voyage. D’autres tempêtes ont frappées, volientes : ‘Ivinec (le bateau) faisait le sous-marin, mais ça en valait la peine, La nuit qui a précédé notre arrivée au Groenland a été magique! Un feu d’artifice d’aurores boréales a illuminé le dernier quart de nuit’. Le duo a finalement accosté au Groenland le 23 aout dernier… Et ce n’était que le début. Le Groenland va mettre les nerfs et le courage de Guirec à rude épreuve, car il apprend le décès de son père le lendemain de son arrivée : « J’étais tout seul avec Monique, loin de ma famille, dans ce moment si terrible. Je m’en voulais, je me posais beaucoup de questions mais je savais que mon père aurait été fier que j’aille au bout de mon projet, il me fallait trouver cette force en moi. » confie t-il. A – 30°, la glace se formait tous les jours sur le bateau et Guirec devrait la briser à la masse. Avec un vent à 30 noeuds poussait constamment le bateau, la visibilité approchait le zéro, « Je devais courir à la barre pour m’écarter le plus rapidement possible de la côte où le vent me poussait ». Des conditions extrêmes qui durèrent jusqu’aux fêtes de Noel, le vent partit enfin en congés et la mer gela. « A ce moment là, je suis surexcité à l’idée de commencer enfin l’hivernage, prisonnier des glaces. ». Un hivernage compliqué, Guirec crut perdre par deux fois son bateau. Une fois le nouvel an passé, le vent refait son apparition, et Guirec organise une possible survie à terre, pensant perdre son bateau pour de bon. « Les milliers de morceaux de banquise exerçaient une pression folle sur la coque qui se déformait à vue d’oeil, c’était surréaliste ! Tout commençait à geler dans le bateau. Je savais que ça allait être dur mais jamais une seconde je n’avais pu imaginer une telle horreur ! Je me forçais à rester positif malgré tout, je n’avais pas le choix, il le fallait ! On allait perdre le bateau mais on était en vie et on allait le rester, ça c’était sûr. Malgré cette situation qui paraissait désespérée, jamais une seule seconde j’ai pensé qu’on allait y passer. » » Moi qui pensais me nourrir de chasse et de pêche, la pêche n’a pas fonctionné et la chasse non plus. Je n’ai jamais pu me résoudre à tuer un animal et pourtant l’occasion s’est présentée plusieurs fois. Mais dès qu’il me regardait, je ne pouvais plus tirer… et ça , c’est de la faute de Monique qui a changé mon regard sur les animaux. » » Sinon, j’ai profité de chaque éclaircie pour escalader des sommets et en redescendre à ski jusqu’au bateau, faire du kite surf et de la planche à voile (sans aileron évidemment) sur la banquise, du foot mais Monique préférait rester dans les tribunes plutôt que de taper dans le ballon… J’ai aussi travaillé mon équilibre sur la slakline quand Monique n’était pas perchée dessus. J’ai surtout passé des dizaines d’heures à admirer les couchers de soleil infinis et les aurores boréales qui s’animaient de façon irréelle et tellement joyeuse ! » » Bref, j’étais heureux, en paix avec la nature, loin des hommes et de leurs problèmes, sans aucune contrainte sauf celles imposées par les éléments. C’est peut-être un peu tôt pour le dire mais je crois que cette expérience m’a profondément transformé. J’ai pu prendre du recul sur énormément de choses et aussi réfléchir à la suite de l’aventure. Je vous promets de continuer à vous faire voyager avec nous encore longtemps ! » JUDE