The Rider Post | 29 mars 2017 Les secrets d’une photo : L’été où j’ai fait surfer Catherine Deneuve ! (Par Joël de Rosnay) culture Lifestyle Propos recueillis par Sylvie Santini (Paris Match du 16 au 22 août 2012) C’était une belle journée de septembre 1962, un ciel bleu, des vagues lisses, des conditions parfaites pour le surf, je suis avec mes copains surfeurs sur la terrasse de la piscine de la Chambre d’Amour, à Anglet… Nous avons fondé le Surf Club de France, qui va être officiellement inauguré, deux ans plus tard, par l’actrice Deborah Kerr, l’épouse de Peter Viertel, l’homme qui avait amené la première planche de surf à Biarritz en 1952. Sur la terrasse règne une ambiance sportive et joyeuse. J’ai 25 ans. Ma fille ainée Tatiana vient de naître. Ma jeune épouse Stella est habituée à me voir passer des heures sur les vagues. Ce jour-là, deux cameramen de la télévision viennent nous parler. Suis-je bien le président du Surf Club ? me demandent-ils. Puis-je leur prêter une planche de surf ? Ils sont à Biarritz pour tourner un reportage sur une actrice débutante. Une blonde au corps parfait, ravissante et souriante, s’avance vers nous. Stupéfaction générale… C’est Catherine Deneuve ! Très intimidé, je choisis une planche à sa taille. Je la frotte de paraffine pour éviter que la jeune star ne glisse sur sa surface, sous le regard ébahi de mes amis surfeurs et celui, un peu jaloux, des « surf widows » (c’est ainsi qu’on appelle les femmes ou les copines des surfeurs qui restent sur la plage pendant que leur compagnon ou leur mari s’adonnent à leur sport favori) Catherine Deneuve porte un minuscule Bikini ver turquoise, je n’oublierai jamais la couleur particulière de ce maillot de bain. Quelle coïncidence de donner une leçon de surf à une déesse sur une plage au nom prédestiné : la Chambre d’Amour ! Joël de Rosnay et Catherine Deneuve, Anglet, 1962. J’aide l’actrice à se mettre à plat ventre sur la planche et je la pousse vers le large. Arrivés au « line-up » (l’endroit où naissent les vagues), j’oriente le nez de la planche vers la plage et m’apprête à la pousser dès qu’une vague se forme. Devant moi, sur cette planche, une vision inoubliable, source d’une émotion que je ressens encore cinquante ans plus tard. Cette jeune beauté qui s’apprête à prendre sa première vague se retourne vers moi avec un grand sourire confiant en attendant le moment de sa glisse sur l’eau. La vague arrive. Je pousse la planche bien dans l’axe. Je lui ai déjà expliqué sur la plage comment se mettre debout sans tenir les bords de la planche et en faisant une sorte de rappel pour ramener les pieds sus le corps. A peine partie, ma ravissante élève se dresse sur la planche du premier coup, triomphante, et se tient en équilibre sur 50 mètres. Puis, la voilà qui retourne vers moi en ramant vigoureusement. Avec cette technique, elle réussit à prendre cinq ou six vagues. Je reviens vers le club et vers mes amis, ébloui, et très fier. Tous applaudissent à ma chance. J’ai souvent donné des cours de surf à des personnalités, comme Marisa Berenson ou Annette Stroyberg, mais j’ai rarement rencontré un sujet aussi doué ! D’après ma sœur Zina, qui la connaît bien, Catherine Deneuve aurait conservé cette photographie d’elle et moi, pour se souvenir de l’émotion de ce premier exploit. Chère Catherine, si vous souhaitez prendre une nouvelle leçon de surf à la Chambre d’Amour, je suis à votre disposition ! Source de l’article : PARIS MATCH du 16 au 22 août 2012. Article original, propos recueillis par Sylvie Santini.